Un étudiant à l’université est venu me consulter récemment avec des maux de dos chroniques et des tensions dans la nuque et les épaules :

“J’étudies beaucoup ces temps-ci pour mes examens. Et j’ai beaucoup de tensions dans mon dos, ma nuque, etc. Je sens que c’est à cause de ma mauvaise posture quand j’étudies. Toujours assis, le tête courbé au dessus de mes manuels, les yeux à mon écran d’ordinateur pendant des heures et des heures… Je fais ce que je peux pour améliorer ma posture et penser à me re-dresser constamment… mais peu importe ce que je fais, j’ai mal.”

Et une fois de plus, la fameuse “mauvaise posture” qui frappe encore!

On s’est tous déjà fait rappeler l’importance de se “tenir droit”. Et effectivement, il est vrai qu’une structure alignée facilite la circulation dans le corps ce qui favorise nécessairement la santé. Mais est-ce que votre prétendue mauvaise posture est réellement la cause de vos maux de dos et de vos tensions?

Non. En réalité, une “mauvaise posture” est simplement le reflet de nos tensions internes qui tirent notre squelette hors de son alignement optimal. Tous nos organes sont d’une manière ou d’une autre rattachés, supportés ou suspendus à la structure osseuse de notre corps par l’entremise de ligaments et de fascias. Qu’est-ce que ça implique?

Si vous avez un pincement au coeur parce que vous venez d’apprendre une nouvelle troublante, cette tension logée au sein de l’organe va tirer sur les tissus qui l’enveloppent et le stabilisent qui eux sont rattachées à vos vertèbres thoraciques et cervicales, et naturellement votre colonne aura une tendance à se recroqueviller légèrement vers la gauche.

Ou si votre foie est congestionné parce que vous avez un peu exagéré sur l’alcool au party de bureau de la veille, légèrement déformé sous la pression et la tension, il tirera sur ces attaches au diaphragme et au colon ascendant et par l’entremise de fascias affectera la position et la mobilité de votre cage thoracique, de votre épaule droite et de vos vertèbres. Au final, les tensions vont tirer la colonne hors de son alignement naturel, certains muscles posturaux devront compenser… ce qui mènera inévitablement à l’apparition de vos maux de dos!

En d’autres mots, il n’y a absolument rien de “mauvais” à votre posture!

L’alignement des articulations de votre structure suit simplement l’expression des tensions logées dans nos tissus. Par ailleurs, vous voyez à présent l’absurdité de chercher à se tenir bien droit comme une barre afin de retrouver la santé! Ça ne fait que tirer dans le sens opposé les tissus corporels déjà sous tension, ce qui les affaiblit davantage. Ce n’est pas pour rien qu’on dit se tenir droit! Et en plus, ça nous donne l’illusion d’avoir régler le problème alors qu’en réalité, les tensions au niveau de votre coeur ou de votre foie demeure…

Bref. Mon point: Est-ce que votre “mauvaise” posture est à blâmer pour vos tensions?

Non! La source de vos tensions ce n’est pas la posture, c’est vous!

LA SOURCE DE NOS TENSIONS

De nos jours, on aborde généralement nos symptômes et la santé de notre corps de façon totalement déconnecté de soi et de ce qu’on vit, comme si notre corps physique était séparé de comment on se sent, de nos émotions, pensées, et de la globalité de ce qui habite notre psyché.

Reprenons un peu de perspective… si on donne notre attention, notre énergie et notre temps précieux à des choses qui ne résonne pas profondément avec nous — comme des concepts théoriques dans un manuel scolaire totalement déconnecté de la vraie vie, ou encore des tâches au bureau pour une compagnie qui n’a pratiquement rien à voir avec qui on est — est-ce qu’on peut raisonnablement s’attendre à ce que ça n’ait aucune conséquence sur notre corps?!

C’est complètement absurde. Et d’ailleurs vous le savez déjà instinctivement. Surtout considérant l’ampleur du malaise interne qui habite les profondeurs de l’être humain moderne.

Ce n’est pas surprenant qu’on comprenne pas pourquoi nos maux reviennent constamment, et ce malgré nos efforts de “bonne posture”, notre jogging matinal, notre nouvelle diète, nos exercices de respirations, ou nos séances chez le masso… On omet l’essentiel: nous!

La santé de notre corps est indissociable de notre Santé à nous.

Si on ne voit pas le sens à ce qu’on fait, on va devoir aller à l’encontre de soi-même et donc de notre corps. Autrement dit, on va devoir se tendre — qu’on le fasse pendant 15 minutes ou 16 heures d’affilée. Ce n’est pas une question de temps, ni de posture. C’est une question de tension ou de relaxation.

Si on n’est pas honnête avec soi par rapport à comment on se sent vis-à-vis ce qu’on fait, si on se ment à soi-même, on va devoir se forcer, ou autrement dit, se tendre. Même si on peut réussir à se motiver, à s’auto-hypnotiser à être intéressé et penser que ça a de la valeur – le corps lui on ne peut jamais le tricher… Si nous on ne veut pas être là, notre corps ne voudra pas coopérer. Et il va nous le rappeler constamment: “NON. Pourquoi je coopérerais! Pourquoi je mobiliserais mes efforts… pour ça?!” Si notre corps veut pas nous suivre, on va devoir lui faire violence pour y parvenir.

Quand nos actions sont basés sur la tension, nécessairement notre corps va payer le prix. Ce qui va tôt ou tard se traduire en une multitudes de symptômes.

Comme je le répète constamment dans mes articles, la tension dans notre corps entrave la circulation vitale (sang, lymphe, influx nerveux) privant alors les cellules du plein approvisionnement dont elles ont besoin pour survivre et fonctionner de façon optimale. La Tension, sous toute ses formes, est la véritable cause de la non-santé du corps (et de tous les symptômes qui en découle).

HONNÊTETÉ, PERSPECTIVE ET RELAXATION

Ainsi, et pour conclure, si on veut trouver un soulagement durable, on doit d’abord et avant tout arrêter de percevoir les réactions de notre corps comme étant déconnecté de ce qu’on vit, de notre monde intérieur et de la globalité de notre vie. Si on veut relâcher les tensions à l’origine de nos maux pour trouver un soulagement durable, on doit apprendre à être honnête avec soi. L’honnêteté est intimement liée à la relaxation — l’une comme l’autre révèle ce qui est.

Comme dans le cas de cet étudiant à l’université, le simple fait de prendre un peu de perspective sur sa situation et sur comment il se sent en étudiant lui a immédiatement permis de relaxer et de laisser circuler l’éventail des émotions et pensées qui bouillaient en lui. Profondément ennuyé, stressé, démotivé, frustré, coincé comme un lion dans une cage — ce n’est pas surprenant qu’il se sente tendu!

Être honnête nous remet au centre de l’équation.

Dans son cas, il s’agissait d’assumer son choix de retourner aux études afin d’améliorer sa situation financière, puis d’apprendre à gérer tout ce que ça implique. C’est plus exigeant qu’aborder un simple problème de dos! Mais quand on comprend que notre problème ce n’est pas notre corps, qu’il n’y a rien de mauvais avec notre posture ni avec comment on se sent réellement, on peut alors réclamer toute l’énergie qu’on mettait à contrôler notre corps et plutôt diriger notre attention vers ce qui importe réellement.

C’est à partir d’une telle vision globale de la situation dans laquelle on se trouve qu’il est possible à présent de traiter nos maux pour ce qu’ils sont: des symptômes — ou autrement dit, sans perdre de vue leur véritable cause, soit la tension.

Il s’agit alors de consciemment gérer les effets de notre situation sur notre corps. On peut apprendre à porter davantage attention à ce qui nous tend et nous stresse au quotidien pour éviter d’accumuler des tensions.

Puis, on peut également apprendre comment relâcher nos tensions par soi-même pour être en mesure de s’auto-traiter. Dans le cadre d’une séance d’auto-traitement, c’est justement en relaxant notre posture et en se permettant d’être croche qu’on peut éventuellement entrer en relation avec les tensions à l’origine de nos maux – ce pincement dans notre coeur ou encore à la congestion de notre foie… – pour éventuellement les relâcher. C’est de cette façon que sans effort notre posture retrouvera naturellement son alignement optimal, un relâchement à la fois.

Mais tant qu’on se ment à soi-même parce qu’on refuse d’entendre comment on se sent réellement, on ne peut jamais relaxer et ainsi traiter la véritable cause de notre symptomatique.

Comment faire sa vie et prospérer dans une société à présent si dénaturée sans aller à l’encontre de la nature de notre corps et accumuler toutes ses tensions qui mèneront tôt ou tard à nos symptômes et maladies de demain?

Évidemment, ce n’est pas chose facile dans notre ère moderne… Mais c’est certainement possible et ça commence par reconnaître l’importance d’être honnête avec soi-même et d’assumer ce qu’on ressent. C’est beaucoup plus constructif que se battre contre son propre corps et le blâmer pour nos maux, Il est véritablement notre meilleur allié dans ce monde.