Enrhumé? Comment se Traiter avec l’Ostéopathie

Que vous souffriez d’un épisode de rhume, de grippe ou d’allergies, il y a moyen de soulager significativement vos symptômes de façon naturelle.

Comme expliqué en détails dans mon dernier article, si le corps a recours à des mécanismes d’élimination “inhabituels” comme la toux, la fièvre, la surproduction de mucus dans les voies respiratoires, ou la diarrhée, c’est qu’il s’efforce d’évacuer une surcharge de toxines qui menace son équilibre interne et qu’il n’y arrive pas avec ses moyens d’élimination usuels.

Ce sont les tensions emmagasinées dans les tissus de notre corps qui entravent la libre circulation des fluides en déformant et compressant les différents vaisseaux et conduits ce qui génère de la congestion, notamment dans notre système éliminatoire.

Ainsi, pour soulager nos “symptômes” il suffit d’assister notre corps dans ses efforts d’élimination des toxines.

Il va sans dire qu’un traitement ostéopathique pourra aider dans ce sens en relâchant les tensions du corps pour faciliter la circulation et l’élimination dans certaines zones particulièrement congestionnées afin de soulager drastiquement nos symptômes.

De plus, il est également possible d’apprendre à relâcher nos tensions par soi-même. En amenant notre attention à l’intérieur de notre corps afin de ressentir les zones tendues, on peut apprendre à consciemment relaxer nos tissus. Personne n’est mieux placé que soi-même pour ressentir directement l’impact d’un relâchement et du regain immédiat de circulation dans notre corps. Ce n’est pas sorcier, ni compliqué. Seulement, ça demande de la pratique, de la patience et une intention sincère de s’aider et de prendre soin de son corps.

APPRENDRE À RELAXER

D’abord, il faut le comprendre : relaxer, ça s’apprend. C’est un Art, un véritable Kung Fu, comme disait un ancien enseignant à moi. Autrement dit, c’est une pratique d’une grande profondeur et subtilité qui demande du temps, de l’attention et un engagement rigoureux et dévoué; une science immense qui peut prendre une vie entière à réellement maîtriser.

Je souligne ceci pour distinguer la pratique de relaxation consciente dont je parle, de l’impression courante d’être “relaxe” quand par exemple on s’allonge dans son sofa après une grosse journée de travail. Un corps affaissé ou décompressé n’est pas un corps relaxé. La réelle relaxation est un état de repos tout-à-fait éveillé qui vient de l’engagement de notre présence à l’intérieur de notre corps. C’est l’état de notre système nerveux — un réel circuit électrique — lorsqu’il est au neutre, non-sollicité, stabilisé, déposé et que l’énergie peut alors circuler doucement et librement entre les deux pôles de la “batterie” de notre corps, bassin et cerveau.

C’est dans cet état de neutre que le corps en entier peut réellement se recharger. Et ça se vit, ça se ressent directement; c’est un repos et une recharge d’une profondeur que le sommeil seul ne pourra jamais nous donner.

BESOIN DE STABILITÉ

Une telle relaxation du système nerveux n’est possible qu’en présence de stabilité. C’est seulement lorsqu’on peut se déposer sur quelque chose de stable, lorsqu’on se sent supporté par quelque chose de bienveillant et de bien plus grand que soi que notre corps peut laisser aller et relâcher de lui-même ses tensions.

Bien qu’il puisse s’adapter quasi-infiniment, notre corps n’est pas conçu pour être tendu de façon permanente; le maintien d’une tension vient entraver la fluidité de la circulation vitale de notre corps. Au contraire, le corps est conçu pour fonctionner dans un état de relaxation qui permet aux fluides et à l’énergie de circuler librement. Et cette relaxation vient lorsqu’il est stabilisé, déposé, ancré. C’est la structure osseuse du corps qui est censée stabiliser et supporter l’ensemble du corps et lui transmettre la stabilité infinie du sol sous nos pieds pour qu’il puisse réellement se déposer. C’est notre charpente osseuse qui nous connecte directement au ground de la Terre qui a la capacité d’absorber mêmes les plus grandes tensions.

Ainsi, la clé pour relâcher nos tensions est de reconnecter à la stabilité de notre structure osseuse en connexion directe et littérale avec le sol. En entrant à l’intérieur de soi-même et en amenant notre attention au sein même des tissus de notre corps, on peut doucement permettre à cette stabilité de les rejoindre, de les toucher, que nos tissus reçoivent et perçoivent ce support direct du sol sur lequel ils peuvent alors se déposer en toute confiance et doucement relâcher la tension maintenue.

LA PRATIQUE EN ACTION

Avec la guidance appropriée d’un enseignant compétent, on peut apprendre à utiliser des postures très simples pour libérer de façon méthodique les tensions dans notre corps et cibler certaines zones spécifiques selon le besoin du moment. Mais peu importe la posture, l’intention demeure la même : reconnecter la structure osseuse au sol, ressentir consciemment la stabilité de la terre et relâcher notre poids sur notre structure, encore et encore, un peu plus à chaque expiration.

Voyons un peu…

Prenons la posture du V inversé. En stabilisant la ceinture scapulaire sur les lignes de forces des bras et la colonne sur les jambes, après quelques expirations profondes, c’est toute notre structure osseuse qui est sollicitée et qui doit répondre et s’engager. À force de relâcher le poids et en restant présent à l’intérieur du corps, face à la nécessité de supporter la charge de son poids, le corps cherchera naturellement à s’ajuster. Quand on permet à cette Intelligence instinctive de s’exprimer et qu’on la laisse prendre le dessus et nous bouger, doucement le corps de lui-même nous guide vers un alignement plus optimal de la structure et des différentes articulations. Peu à peu, les tensions qui compensaient pour le manque de stabilité structurelle ne sont alors plus nécessaires et peuvent être relâchées progressivement.

Ça se ressent directement. Avec la ceinture scapulaire qui se dépose de plus en plus sur les bras, c’est l’ensemble du thorax qui commence à se relâcher. À chaque expiration, les fascias retrouvent peu à peu leur mobilité et l’énergie se remet à circuler dans le corps naturellement. La congestion dans les poumons et les voies respiratoires se libère doucement. Le corps se mettra probablement à tousser spontanément signe que la vitalité reprend et que les toxines qui stagnaient peuvent maintenant être évacuées. De la chaleur sera peut être même dissipée et générée en réponse au relâchement et aux toxines nouvellement en circulation. Naturellement, le corps se décongestionne… Enfin! C’est puissant.

De façon similaire, en apprenant à utiliser la posture de la Fente ou de l’Archer ou même de la Flexion Avant Debout pour ancrer les anches, on peut progressivement déposer le poids du bassin sur les lignes de forces des jambes. Même principe, comme pour le V-inversé, peu à peu la stabilité du sol se transmet tout le long de la structure osseuse érigeant et stabilisant la colonne vertébrale du sacrum à la tête. Vu la nouvelle stabilité des anches déposées sur la structure, la tension maintenue dans le diaphragme pour entre autres stabiliser les lombaires n’est plus nécessaire. Naturellement, le diaphragme peut relâcher et immédiatement on sent la circulation qui augmente entre le haut et le bas du corps. L’énergie se propage dans les tissus. Tout au long de ces postures, le corps s’active et se met à respirer de lui-même. Il s’oxygène profondément et la circulation peut se propager dans l’ensemble du corps et revitaliser les tissus.

C’est toujours le même principe cyclique : plus la structure se stabilise sur le sol, plus le corps peut relâcher les tensions à présent superflues, ce qui libère la circulation augmentant la vitalité dans l’ensemble du corps lui permettant de s’ajuster et se réaligner de façon plus optimale. Plus il relâche les tensions qui compensaient, plus il retrouve sa configuration optimale, plus il retrouve sa force et sa stabilité, et plus il peut relâcher d’autres tensions dont la compensation n’est plus nécessaire. Une spirale de vitalité.

Dans une posture qui ancrent les anches, la stabilité grandissante du bassin se transmet éventuellement jusqu’aux organes; l’intestin, le côlon, les reins, le foie peuvent se déposer et avec l’afflux de sang frais et oxygéné doucement ils regagnent en vitalité et tonus, facilitant l’évacuation et la réponse immunitaire.

Dans la même lignée d’idées, certaines autopalpations peuvent également aider à supporter ces organes fondamentaux dans leur efforts immunitaires et éliminatoires. En apprenant à développer un toucher “thérapeutique”, on peut venir assister notre foie, ou nos reins par exemple. Il s’agit simplement de toucher avec l’intention d’écouter, d’entrer en dialogue avec les tissus de l’organe en question peut avoir un effet profond. Ça peut paraître étrange ou ridicule pour certains, mais il n’y a rien de plus concret, et c’est tout-à-fait perceptible. Simplement le langage du corps qui nous est devenu étranger aujourd’hui.

Mais c’est comme un chien ou un bébé en détresse, ce n’est pas parce qu’ils ne parlent pas en mots qu’il n’y a pas de communication à y avoir! Tout ce qui est vivant communique. Il suffit simplement d’apprendre à percevoir le langage plus subtil et s’ouvrir à cet échange avec sincérité pour pouvoir recevoir l’autre, son état et ce qu’il essaie de transmettre. Il en va de même pour les tissus de notre corps, et notamment nos organes. Ils sont bel et bien vivants et ont grand besoin de notre attention!

Une simple palpation directe de nos sinus peut aider à les décongestionner. Il suffit d’amener notre toucher en contact avec nos os, nos arcades sourcilières ou la jonction entre le nez et le front par exemple, et ressentir de l’intérieur l’impact de la stabilité de notre toucher sur la zone. Avec de la patience et en recevant consciemment les sensations qui s’éveillent (intensité, douleur, congestion,…) sans s’agiter et en respirant profondément pour rester avec et ne pas déconnecter, peu à peu les tissus peuvent relâcher leurs tensions et éventuellement libérer la congestion.

En se levant à “quatre pattes” dans une posture de la Table on peut amener le dessus du crâne en contact avec le sol pour aller travailler en profondeur les tissus du crâne et du cerveau pour dénouer les constrictions et apaiser un maux de tête par exemple. Profitez de la stabilité du sol pour relâcher la mâchoire, l’arrière de la langue, et les yeux. Avec de la patience, vous verrez des résultats.

Finalement, en ancrant le bassin sur les hanches et amenant le front au sol dans la posture de l’Enfant, c’est à nouveau tout le crâne qui est stabilisé, relâchant les tissus du visages, du cou et surtout le cerveau et les yeux, apaisant profondément le système nerveux. Doucement, la pression dans la tête diminue, soulageant davantage le mal de tête. La congestion nasale et les sinus se désengorgent. Le nez va peut-être se mettre à couler. Un calme et une clarté d’esprit reviennent doucement. Et le corps se repose profondément et se recharge tranquillement.

Voilà brièvement quelques exemples de comment une approche ostéopathique peut être appliquée à des postures simples de yoga avec l’objectif de libérer les tensions qui entrave l’élimination afin de faciliter l’évacuation des toxines.

APPRENDRE À S’AUTO-TRAITER

À l’essence, l’ostéopathie nous invite à travailler avec notre corps afin de retrouver la santé plutôt que de lui imposer une technique ou une intervention afin de le “remettre à sa place”. Si on a l’humilité d’écouter, d’être réceptif, c’est le corps lui-même qui nous enseigne — notre rôle est simplement de l’assister.

L’objectif de cet article était simplement de mettre en évidence la simplicité et la puissance de la vision ostéopathique et de souligner à quel point c’est accessible à tous. Avec une compréhension simple du fonctionnement de notre corps et de quelques principes pratiques de base et surtout l’intention sincère de reprendre sa santé en main, il devient possible de rétablir une relation consciente avec notre corps et d’apprendre à s’auto-traiter afin de soulager nos douleurs et symptômes de façon durable et de prévenir l’apparition de maux futurs.

En espérant vous avoir inspiré à vous ouvrir à l’intelligence innée de votre corps, ne serait-ce que pour vous libérer naturellement de votre congestion nasale ou encore de vos maux de tête chroniques.